Les experts de l’IGAD s’unissent pour forger une position commune sur le climat et la mobilité avant la COP30

Addis-Abeba, le 28 octobre 2025 (ENA) : -L’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) a lancé lundi à Addis-Abeba une importante réunion régionale des experts du climat, rassemblant des responsables venus des États membres afin d’harmoniser les politiques et d’élaborer une position régionale forte et unifiée sur la mobilité induite par le climat, la résilience et l’adaptation, en amont du sommet mondial COP30.

 

La réunion vise à dépasser les discussions théoriques pour développer des stratégies régionales concrètes et fondées sur des données probantes, destinées à affronter les défis dévastateurs et interconnectés du changement climatique, des déplacements et des conflits dans la Corne de l’Afrique.

 

Dans son allocution d’ouverture, Nigusu Lema, directeur général adjoint de l’Autorité éthiopienne de l’environnement, a souligné la gravité de la crise et insisté sur la nécessité d’une solidarité régionale.

 

« La région de l’IGAD est de plus en plus confrontée aux effets dévastateurs du changement climatique », a déclaré Nigusu.


 

Il a expliqué que la hausse des températures, la récurrence des sécheresses et des inondations ainsi que les changements des régimes pluviométriques sapent les moyens de subsistance et provoquent des déplacements à une échelle sans précédent.

 

Le directeur général adjoint a présenté cette rencontre de trois jours comme une plateforme cruciale pour un échange politique de haut niveau et un renforcement de la coopération régionale, en mettant l’accent sur l’harmonisation des politiques climatiques et des priorités de négociation des États membres.

 

« En tant qu’États membres, nous devons aligner nos politiques climatiques et nos priorités de négociation afin d’assurer une voix africaine forte et unie, reflétant les réalités de nos peuples et de nos écosystèmes », a-t-il affirmé, appelant à une action fondée sur la science, inclusive et coordonnée au niveau régional, intégrant les considérations liées à la mobilité dans les plans nationaux d’adaptation.

 

Victoria Anib, cheffe du département du développement social au Secrétariat de l’IGAD, a pour sa part rappelé que la région fait face à un enchevêtrement complexe de défis, où la variabilité climatique alimente les catastrophes, la mobilité humaine, mais aussi les conflits et les crises sanitaires.


 

Elle a cité des exemples récents au Soudan, où des personnes déplacées par les conflits ont ensuite été frappées par de graves inondations, entraînant des épidémies de choléra et la réapparition de maladies évitables par la vaccination, comme la poliomyélite.

 

« Il ne s’agit pas seulement de chiffres : cela touche la vie des pasteurs, des agriculteurs, des femmes et des enfants, des groupes vulnérables », a-t-elle déclaré, insistant pour que la réunion fournisse un cadre de dialogue politique afin d’élaborer des réponses fondées sur des données concrètes.

 

Elle a également souligné la pertinence du moment, alors que les délégués se préparent à deux grands événements mondiaux : la COP30 et le Forum mondial sur les réfugiés (GRF) prévu en décembre.

 

La rencontre permettra d’évaluer les données existantes, d’identifier les lacunes en matière de recherche et de recommander des voies d’intégration des résultats dans les cadres nationaux et régionaux.

 

Noora K. Mäkelä, chargée de programme à la Division de l’action climatique du Bureau régional de l’OIM, a pour sa part insisté sur l’importance de l’engagement régional, notamment à travers la Déclaration ministérielle de Kampala sur la migration, l’environnement et le changement climatique (KDMECC).

 

Elle a fermement souligné que la mobilité humaine, bien qu’elle soit souvent une conséquence de crise, peut aussi devenir un vecteur de résilience lorsqu’elle est planifiée et bien gérée.

 

Elle a noté que la KDMECC, un engagement historique désormais signé par 48 pays africains, inspire déjà des plans d’action nationaux et des politiques concrètes dans plusieurs États membres de l’IGAD, tels que le Kenya, la Somalie et l’Éthiopie.

 

« Nous devons vraiment veiller à ce que la question de la mobilité ne soit pas marginalisée, mais placée au cœur des négociations climatiques mondiales », a-t-elle exhorté, appelant à intégrer la mobilité dans les Plans nationaux d’adaptation (PNA), dans l’Objectif mondial d’adaptation et dans le programme de travail sur les pertes et dommages.

 

Cette réunion de trois jours réunit des experts en changement climatique, gestion des risques de catastrophe, environnement et migration afin d’élaborer une déclaration de position consolidée de l’IGAD pour la prochaine COP30, réaffirmant l’engagement de la région à transformer les défis climatiques en opportunités de résilience et de développement durable.

Agence des nouvelles éthiopienne
2023