L'UA a exhorté les communautés africaines à adopter des valeurs communautaires en matière de santé mentale. - ENA Français
L'UA a exhorté les communautés africaines à adopter des valeurs communautaires en matière de santé mentale.

Addis-Abeba, le 19 octobre 2025 (ENA) : - À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale 2025, l’Union africaine (UA) a exhorté les communautés africaines à placer le bien-être holistique — incluant la sécurité économique, la cohésion sociale et l’éducation sanitaire — au cœur de leurs priorités afin d’enrayer la crise croissante de santé mentale sur le continent.
Le Dr Adamu Isah, directeur des services médicaux et de santé de l’UA, a rappelé que la prévention est avant tout une responsabilité familiale, ancrée dans les valeurs communautaires africaines.
« La santé mentale commence à la maison, s’étend au quartier et doit être soutenue par des politiques publiques solides », a-t-il déclaré à l’ENA.
Selon lui, la prévention ne se limite pas à des interventions cliniques : elle implique des actions quotidiennes pour renforcer la communication, la compréhension et le respect au sein des familles.
Isah a souligné que des facteurs tels que l’insécurité alimentaire, les difficultés économiques ou le manque d’accès aux soins aggravent les troubles mentaux, tandis que la montée de l’individualisme occidental fragilise les réseaux traditionnels de solidarité.
« Les Africains peuvent préserver leur santé mentale en valorisant leurs valeurs culturelles et communautaires, fondées sur la famille élargie, l’entraide et la fraternité », a-t-il ajouté.
Cette mise en garde intervient dans un contexte marqué par le décès tragique du journaliste kenyan Kimani Mbugua, âgé de 29 ans, victime présumée de suicide après avoir publiquement évoqué ses luttes contre la dépression et le trouble bipolaire.
Son histoire a révélé les failles structurelles des systèmes de santé mentale africains et le besoin urgent de soutien familial et communautaire renforcé.
D’après l’Atlas de la santé mentale 2025 de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la santé mentale reste largement sous-financée : les pays à faible revenu y consacrent moins d’un dollar par habitant, tandis que seulement 9 % des personnes dépressives reçoivent un traitement approprié.
Le Dr Isah a insisté sur l’importance d’investir dans des politiques publiques favorisant des moyens de subsistance stables, des familles résilientes et des communautés solidaires.
Le thème de cette année, « Accès aux services : Santé mentale en cas de catastrophes et d’urgences », souligne l’ampleur du défi, notamment dans les zones où une personne sur cinq souffre de troubles psychiques.
« Le riche patrimoine culturel africain et la cohésion sociale constituent une base solide pour surmonter cette crise », a conclu Isah.
En renforçant la famille, la communication et la prévention précoce, l’Afrique peut transformer sa crise de santé mentale en un chemin vers la résilience, la dignité et le bien-être collectif.