Du constat à l’action : l’Afrique se positionne comme acteur clé dans la lutte contre le changement climatique.

Traduit de l’article anglais de Mahder Nesibu

 

Addis-Abeba, le 29 septembre 2025 (ENA) : - Le deuxième Sommet africain sur le climat, organisé à Addis-Abeba du 8 au 10 septembre 2025, a marqué une étape charnière dans la réponse du continent face au défi climatique.

 

Longtemps perçue comme une région vulnérable, marginalisée dans les négociations internationales, l’Afrique s’affirme désormais comme une force de proposition, mobilisant des solutions concrètes, des mécanismes financiers novateurs et un leadership politique affirmé.

 

Placée sous le thème « Accélérer les solutions climatiques mondiales : Financement pour un développement durable et vert en Afrique », la rencontre avait pour ambition de transformer l’image de l’Afrique : d’un continent dépendant des engagements internationaux à un acteur maître de son avenir climatique.

 

Avec la Déclaration d’Addis-Abeba, l’Appel à l’action, ainsi que le lancement du Pacte africain d’innovation climatique (ACIC) et du Fonds africain pour le climat (FAC), sous l’impulsion du Premier ministre Abiy Ahmed, le sommet a conjugué vision politique, ambition opérationnelle et stratégie de financement.

 

Ces initiatives placent l’Afrique en position d’influence renforcée dans les grandes négociations climatiques mondiales, notamment à la COP30 de Belém, au Brésil.

 

Le message central était clair : les défis climatiques du continent exigent des réponses unifiées. Jusqu’ici, la diversité des positions nationales et les inégalités institutionnelles avaient fragilisé son poids politique et limité son accès aux ressources financières.

 

Le sommet a répondu à ce défi en forgeant un consensus, matérialisé par la Déclaration d’Addis-Abeba, qui met en avant trois priorités : financer l’adaptation et la résilience, promouvoir les énergies renouvelables et l’industrialisation verte comme leviers de croissance, et développer des mécanismes africains de mise en œuvre et de financement.

 

L’ACIC en est le bras opérationnel : il vise à recenser, développer et diffuser des solutions africaines dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture, de l’eau, des transports et de la résilience urbaine, avec un objectif de 1 000 initiatives financées d’ici 2030.

 

Complémentaire, le FAC ambitionne de mobiliser 50 milliards de dollars par an, en combinant capitaux publics, privés et multilatéraux, pour faire passer les innovations locales du stade expérimental à l’échelle continentale.

 

Ce modèle « solutions plus financement » constitue une réponse directe au paradoxe africain : disposer d’idées innovantes sans les moyens financiers pour les généraliser.

 

Au-delà de leur dimension financière et technologique, ces instruments démontrent la capacité du continent à agir collectivement. Ils valorisent la recherche locale, les savoirs endogènes et la mobilisation de la diaspora, tout en offrant des garanties de transparence et de gestion des risques aux investisseurs.

 

Cette approche consolide la crédibilité internationale de l’Afrique, qui se positionne désormais non plus comme un bénéficiaire passif, mais comme un partenaire stratégique dans la lutte mondiale contre le changement climatique.

 

Le sommet a également ouvert la voie à des avancées déterminantes dans le domaine du financement, en consolidant l’autonomie d’action du continent.


 

La mise en place d’un cadre de coopération entre les institutions financières de développement africaines et les banques commerciales, visant à mobiliser 100 milliards de dollars, traduit la volonté de l’Afrique de générer des ressources pour la transition énergétique et les infrastructures durables.

 

À cela s’ajoutent des annonces fortes, telles que l’engagement de la Banque européenne d’investissement (100 milliards d’euros d’ici 2027) et les promesses bilatérales du Danemark et de l’Italie, qui confirment la capacité du continent à articuler financements nationaux et internationaux pour concrétiser ses priorités climatiques.

 

Ces appuis complémentaires sont indispensables pour transformer les projets pilotes en investissements privés à grande échelle.

 

Au-delà des aspects financiers, la rencontre a insisté sur la cohérence des initiatives.

 

Elle a validé la deuxième phase du Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP 2.0), qui prévoit de mobiliser 50 milliards de dollars d’ici 2030 afin de renforcer la résilience des systèmes alimentaires, des infrastructures et des zones urbaines.

 

D’autres initiatives phares, comme Mission 300 (qui ambitionne de fournir l’accès à l’énergie à 300 millions de personnes d’ici 2030) et les programmes régionaux de cuisson propre, illustrent la capacité de l’Afrique à concevoir des actions combinant impact social, économique et environnemental.

 

Intégrées dans le cadre de l’ACIC et du FAC, ces initiatives forment un portefeuille cohérent de projets transformateurs, soutenus à la fois par les gouvernements et par les partenaires internationaux.


 

En tant que pays hôte, l’Éthiopie a mis en avant le rôle moteur du leadership national dans la mise en œuvre de solutions concrètes.

 

Elle a présenté des projets phares, comme les campagnes massives de reboisement de l’initiative Héritage vert et les avancées stratégiques autour du Grand barrage de la Renaissance.

 

L’annonce parallèle de la candidature éthiopienne à l’accueil de la COP32 en 2027 souligne une vision plus large : faire de l’Afrique non seulement un espace de débats, mais un véritable architecte de l’agenda climatique mondial.

 

Par cette combinaison d’actions nationales, d’engagement diplomatique et de coordination continentale, l’Éthiopie incarne la manière dont un État africain peut conjuguer réussite domestique et leadership collectif.

 

Au final, l’importance de ce deuxième Sommet africain sur le climat réside dans sa contribution à l’émergence d’une voix africaine unifiée, notamment en amont de la COP30 et des négociations futures.

 

Là où les divergences nationales et les disparités de capacités limitaient jusqu’ici son poids politique, le continent dispose désormais d’une plateforme commune : la Déclaration d’Addis-Abeba, appuyée par des instruments concrets et des engagements financiers tangibles.

 

Cette cohérence donne à l’Afrique une crédibilité accrue, en alignant ses demandes avec les grandes orientations mondiales de financement climatique, telles que la Feuille de route Bakou-Belém de la CCNUCC, qui vise à porter le financement annuel à 1 300 milliards de dollars d’ici 2035.

 

Parallèlement, l’ACS2 a mis en avant le rôle déterminant de la diaspora et des écosystèmes d’innovation dans l’élargissement de l’action climatique africaine.

 

L’ACIC a été conçu pour s’appuyer sur des partenariats avec les universités, les PME et les centres de recherche, tout en mobilisant les réseaux de la diaspora afin de donner une portée internationale aux solutions locales.

 

Cette synergie renforce à la fois les capacités techniques et l’influence narrative du continent : l’Afrique se présente désormais non seulement comme réceptrice de financements, mais comme source de solutions innovantes, viables et reproductibles.

 

En favorisant des plateformes de transfert de connaissances et d’investissements, l’ACS2 illustre un modèle où innovation, finance et unité politique convergent pour soutenir une action climatique continentale.


 

Cependant, les ambitions affichées soulèvent des défis notables. La concrétisation de l’ACIC et du FAC suppose la mise en place rapide de structures de gouvernance solides, la mobilisation de capitaux et l’instauration de mécanismes de suivi transparents.

 

L’objectif de 50 milliards de dollars par an et de 1 000 solutions bancables d’ici 2030 demeure ambitieux et exige l’harmonisation des politiques nationales, des réformes réglementaires et une coopération internationale renforcée.

 

Il est crucial que le financement de l’adaptation repose largement sur des subventions, afin d’éviter d’alourdir la dette des États, tandis que la confiance des investisseurs dépendra de la prévisibilité des cadres politiques, de la transparence et de la clarté réglementaire.

 

Ces risques sont toutefois atténués par le consensus politique et les instruments opérationnels mis en avant lors du sommet.

 

Une lecture comparative permet d’en dégager plusieurs enseignements. L’ACS2 démontre que l’unité politique, la conception technique et la mobilisation financière se renforcent mutuellement.

 

La Déclaration d’Addis-Abeba fixe les priorités et le discours commun de l’Afrique.

 

L’ACIC et le FAC traduisent cette ambition en projets concrets, tandis que les mécanismes financiers continentaux prouvent la capacité de mise en œuvre et la crédibilité du continent.

 

De la même manière que les industries culturelles africaines ont su tirer parti des réseaux diasporiques et des écosystèmes technologiques pour rayonner à l’international, l’ACS2 montre que le leadership climatique africain peut lui aussi être structuré, évolutif et reconnu.

 

Enfin, le sommet a souligné la dimension stratégique et symbolique du leadership africain en matière de climat.

 

En affichant une voix unifiée, des mécanismes opérationnels crédibles et une ambition financière claire, l’ACS2 redéfinit le rôle de l’Afrique : non plus seulement un espace vulnérable en quête de soutien, mais un acteur moteur et partenaire fiable capable de générer des résultats tangibles.

 

Ce changement de paradigme est essentiel : il fait passer le continent d’un récit de fragilité à un récit d’action et de solutions.

 

Si les engagements pris à Addis-Abeba sont mis en œuvre efficacement, l’ACS2 pourrait devenir un moment de bascule, où l’Afrique affirme son leadership climatique en conjuguant ambition, réalisme et influence sur la scène internationale.

Agence des nouvelles éthiopienne
2023