Le fleuve Abay n'avait jamais été aussi juste avant l'inauguration du grand barrage. - ENA Français
Le fleuve Abay n'avait jamais été aussi juste avant l'inauguration du grand barrage.

Traduit de l’article anglais de Henok Tadele
Addis-Abeba, le 10 septembre 2025 (ENA) : - Après quatorze années de labeur acharné et d’un engagement sans faille, le Premier ministre Abiy Ahmed a procédé aujourd’hui, le 9 septembre 2015 (4 septembre 2025, heure de l’Est), à l’inauguration historique du Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD).
L'événement marque une victoire éclatante pour l’Éthiopie, symbolisant sa persévérance inébranlable et l’ouverture d’un nouveau chapitre empreint de dignité et de souveraineté nationale.
Pendant des siècles, l’Éthiopie a été contrainte de regarder le fleuve Abay — bien qu’il fournisse plus de 86 % des eaux du Nil — s’écouler sans que sa source en tire le moindre bénéfice.
Des générations entières ont assisté, impuissantes, à ce départ constant de leur ressource vitale vers d’autres terres. Ce fleuve, qui emportait le sol nourricier de l’Éthiopie, devenait paradoxalement une cause d’appauvrissement.
Face à cette profonde injustice historique, l’Éthiopie a pris son destin en main. La décision audacieuse de construire un barrage sur le fleuve Abay a été le point de départ d’un projet de souveraineté.
Le Premier ministre Meles Zenawi, visionnaire, a posé la première pierre du Grand barrage le 2 avril 2011. Il en revient tout l’honneur.
Aujourd’hui, l’inauguration du Grand barrage adresse un message sans équivoque au monde : l’Éthiopie se redresse, forte et indépendante. Le barrage devient non seulement une source majeure d’énergie renouvelable, mais aussi un symbole de coopération régionale et de développement mutuel.
Il ouvre la voie à un modèle africain de croissance partagée et de dignité retrouvée.
Le GERD a donné naissance à un lac colossal, le lac Nigat (lac de l’Aube), portant en lui l’espoir et la résilience d’un peuple. Ce jour est l’un des plus émouvants de l’histoire nationale — fruit de 14 années de détermination, d’efforts collectifs et de sacrifices immenses. Avec ses 74 milliards de mètres cubes d’eau, le fleuve Abay devient désormais un pilier du développement éthiopien.
L’achèvement du Grand barrage éveille chez chaque Éthiopien un mélange profond de fierté, de soulagement et d’émotion. Il mérite d’être honoré. Cette œuvre touche les cœurs, fait couler des larmes, et incarne un rêve transmis de génération en génération.
Le Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne est bien plus qu’un ouvrage d’ingénierie : c’est une déclaration d’existence, un acte de justice, un cri de dignité.
Il représente ce qu’un peuple uni peut accomplir lorsqu’il refuse de renoncer. Pour l’Éthiopie et pour l’Afrique, il est la preuve tangible qu’aucune vision n’est hors de portée.
Quand le monde tourne le dos, l'Éthiopie se dresse fièrement
Lorsque l'Éthiopie a enfin osé concrétiser les rêves tant attendus des générations passées et a posé les jalons, le Grand barrage s'est heurté à une résistance farouche, et non à un soutien.
Les principales institutions financières internationales ont refusé de financer le projet hydroélectrique, non pas par manque de mérite du barrage ni par manque de vision de l'Éthiopie, mais pour préserver son hégémonie sur les eaux du Nil.
Par des voies diplomatiques détournées, l'Éthiopie a été contrainte et soumise à des pressions pour interrompre la construction du barrage, mais en vain.
Le peuple et le gouvernement éthiopiens ont poursuivi la construction du barrage hydroélectrique afin de produire de l'électricité pour les communautés rurales, son économie en pleine croissance et l'ensemble de la connectivité électrique régionale.
Ce mégaprojet aurait pu être financé par les institutions financières internationales ou cofinancé avec les États riverains, compte tenu de ses implications régionales. Malheureusement, l'Éthiopie a été sommée de rester dans l'ignorance.
Face à l'indifférence mondiale, l'Éthiopie a pris la décision audacieuse de financer elle-même le barrage. L'imposition des autres a constitué une ligne rouge pour le peuple et le gouvernement éthiopiens, qui ont patiemment surmonté les obstacles pour achever le barrage avec résilience.
Cette injustice centenaire a incité la population et le gouvernement éthiopiens à rassembler une force et une unité inébranlables pour financer le barrage. Partout dans le pays, la population s'est mobilisée pour prendre tout ce qui était nécessaire à l'achèvement de la construction du Grand barrage.
Des fonctionnaires ont versé leurs salaires au Grand barrage.
Des agriculteurs ont acheté des obligations en vendant leurs récoltes. Des enfants ont déposé des pièces dans des boîtes de dons.
Des artistes ont organisé des concerts pour collecter des fonds et motiver l'ensemble de la population à se mobiliser pour le barrage. Les chefs religieux ont prêché l'unité. Les pauvres ont donné ce qu'ils pouvaient et ce qu'ils ne pouvaient pas se permettre.
Ce fut un véritable réveil national, un acte collectif de résistance contre l'injustice.
Le Grand barrage a une capacité de stockage de 74 milliards de mètres cubes d'eau et une capacité de production d'électricité de plus de 5 150 mégawatts, soit suffisamment pour doubler la consommation d'électricité de l'Éthiopie et alimenter la région en énergie propre et durable.
Le Grand barrage : Une victoire collective pour les pays riverains
Malgré des années de résistance et de désinformation propagées par les pays en aval, le Grand Barrage de la Renaissance (GERD) représente une source incontestable de bénéfices pour l’ensemble des États du bassin du Nil, y compris le Soudan et l’Égypte.
Le barrage permet de réduire les risques d'inondations et de limiter l'accumulation de sédiments dans les régions situées en aval, ce qui contribue à renforcer la productivité agricole. Par ailleurs, sa capacité à piéger les sédiments prolonge la durée de vie des infrastructures hydrauliques en aval.
En régulant les crues saisonnières et en assurant un approvisionnement constant en eau pendant les périodes de sécheresse, le Grand barrage apportera une véritable bouffée d’oxygène à l’économie rurale, notamment pour des millions d’agriculteurs soudanais.
Installé sur les hauts plateaux éthiopiens, dans une région encaissée, le réservoir du barrage permet également de limiter les pertes par évaporation, à la différence du lac de retenue du barrage d’Assouan en Égypte.
Il est regrettable que l’Éthiopie, pourtant source principale des eaux du Nil Bleu (Abaï), ait longtemps été écartée de l’usage équitable de ce fleuve vital.
Pendant des décennies, l'Égypte et le Soudan ont exercé un monopole injuste sur les ressources du Nil, empêchant l’Éthiopie de les mobiliser pour son propre développement.
Ce déséquilibre historique a nourri la pauvreté, aggravé les sécheresses et maintenu des millions d’Éthiopiens, surtout dans les zones rurales, sans accès à l’énergie.
Le Grand barrage a été conçu comme un levier majeur de développement durable. Il produit une énergie hydroélectrique propre destinée à électrifier des millions de foyers éthiopiens, stimuler le développement industriel et renforcer l’intégration énergétique régionale.
Grâce à cette nouvelle capacité énergétique, l’Éthiopie pourra non seulement satisfaire ses besoins internes, mais aussi jouer un rôle clé dans l’alimentation électrique de l’Afrique de l’Est, contribuant ainsi à la prospérité et à la stabilité de toute la région.
Le fleuve Abay retrouve enfin sa juste vocation.
Depuis des générations, les chants et poèmes éthiopiens peignaient Abay comme une force oubliée, puissante mais ignorée. Aujourd’hui, cette image chargée de douleur a laissé place à une nouvelle réalité : celle de la justice.
Abay commence désormais à nourrir équitablement tous les États de son bassin, rayonnant sur l’ensemble de la région.
Alors que les turbines s’animent et que la lumière jaillit à travers l’Afrique de l’Est, un nouveau rythme s’élève.
Le Nil s’est exprimé — et cette fois, sa voix est celle de l’équité.